[3] printemps 2012
Les gardiens de la forêt
[3] pages 3-10

Ces Indiens d’Amazonie qu’on a découverts dans les années 1960, protégés dans les années 1980, sont aujourd’hui à nouveau menacés et la destruction de la forêt s’accélère dans l’indifférence générale. Le monde contemporain est-il en train d’achever la Conquista commencée en 1492? René Fuerst et Daniel Schweizer tentent de témoigner modestement de ce qui se passe en Amazonie et de donner un visage à ces Indiens en sursis.
René Fuerst, Daniel Schweizer
 
De monde en monde
[3] pages 11-13

Bagdad (1934). La question de la démocratie vue depuis la nouvelle Amérique (1937)
Annemarie Schwarzenbach est partie en reportage dans les contrées les plus éloignées, rendant compte des situations les plus diverses, allant à la rencontre de toutes les réalités sociales avec une attention et une sensibilité affûtées qui ne faisaient pas obstacle à ses capacités d’analyse. Entre 1934 et 1942 elle a publié, dans la presse quotidienne et les magazines, près de trois cents articles. Soixante de ces reportages sont publiés en français par les éditions Zoé.
> De monde en monde (Éditions Zoé)
Annemarie Schwarzenbach
Les tribus maudites d’Israël
[3] pages 14-19

Les Bédouins du Néguev ne sont plus nomades depuis longtemps. La majorité a déjà été urbanisée, les autres s’accrochent à leur terre et à des villages qui ne sont pas reconnus par l’État hébreu, ne figurent sur aucune carte et n’ont aucune existence légale. De temps en temps, l’un d’eux est rasé au bulldozer. Ici vivent les tribus maudites d’Israël.
Michel Bührer
Un hiver blanc mais gris. Avant que l’ail ne gagne
[3] pages 20-21

Le printemps pointait déjà, quand le froid a tout gelé. Rétréci l’espace, à la ferme, comme à la mer. Éteint les couleurs. Alors je me suis accrochée à un bord dans la tempête.
Sonia Zoran
À jeudi, 15h
[3] pages 23-25

«Le travail “Xavier” recouvre deux ans de portraits photographiques d’un jeune homme, Xavier, que j’ai rencontré en 1996. Il était porteur du VIH. Voir la mort grignoter la vie, ici, chez moi, à Genève. Pendant deux ans, et jusqu’à sa mort, Xavier et moi, nous nous sommes rencontrés tous les jeudis, à quinze heures. Xavier a activement pris part à ce travail. Nous nous photographiions mutuellement. Je souhaitais ainsi saisir l’évolution de son regard photographique au fil du temps et de nos rendez-vous. Chaque semaine, il sélectionnait ses images préférées de la séance précédente en expliquant brièvement son choix. Xavier est mort un jeudi.»
> À jeudi, 15h (Éditions Le Bec en l’air)
Christian Caujolle, Steeve Iuncker
Les métros de l’absence
[3] pages 26-27

Même à deux on est seul. Même à trois, à plusieurs. Debout, assis, acoquiné à d’autres gens au hasard des affluences du métro, on est dans un silence envers soi-même, dans un repli de soi. Bien sûr, parfois, des conversations s’échafaudent, des bouts de phrases, des mots s’agrègent et se perdent dans le vacarme des wagons en rames. C’est dans cette atmosphère que l’on devine, derrière les visages renfermés, des volumes de silence.
Jean Perret
Un printemps des livres
[3] pages 29-31

La lecture n’est pas un plaisir solitaire. C’est un savoir et une pratique qui se transmettent. Le livre est le b-a ba d’une société de culture et de débat. Il peut même devenir l’arme des désobéissances citoyennes.
Élisabeth Chardon
Röstigraben, un concept périmé?
[3] page 35

Si la Suisse multilingue tient ensemble, malgré d’évidentes difficultés, c’est, selon le correspondant en Suisse romande de la Neue Zürcher Zeitung, que la construction nationale s’est faite lentement et davantage par un processus d’«agglutination» que par la conquête.
Christophe Büchi
L’art comme arme ou la beauté meurtrière
[3] pages 36-39

Quand l’Université se laisse bousculer par le théâtre. L’aventure d’Objectif Mars, qui marque la vingtième saison de la Grange de Dorigny, pourrait être résumée ainsi. Avec ce festival, le théâtre de l’Université de Lausanne montre que ses liens avec l’alma mater ne sont pas que de façade mais que les deux institutions se nourrissent l’une l’autre.
Tout a commencé à l’automne 2008. Dans une discussion qui suit son spectacle à la Grange, le metteur en scène français Jean-Michel Potiron exprime une envie: travailler sur le thème de la guerre avec des universitaires. Il sera pris au mot, viendra désormais pour de longues semaines de résidence à Lausanne. Son projet stimule les croisements entre disciplines.
Un ouvrage collectif passionnant, réunissant les compétences les plus variées, prolonge cette expérience. Parmi ces riches contributions, La Couleur des jours a choisi de publier de larges extraits du texte de David Bouvier, professeur de grec ancien.
> Qu’est-ce que la guerre? (Éditions Antipodes)
David Bouvier, Nicolas Carrel
La guerre, notre poésie
[3] page 40

Au lieu de dire et de vouloir prouver que la guerre est horrible à voir, inhumaine et ainsi du reste, ce qui est trop évident et ne sert à rien, j’essaierai de dire exactement ce que c’est, comment cela se prépare, survient et dure, de façon que chacun saisisse en quoi il a voulu la guerre. Idée douloureuse, que chacun repousse au premier mot. Si cela te semble trop dur, jette le livre.
Jean-Michel Potiron
Filmer le théâtre de la guerre
[3] page 41

À l’image de la démarche de Jean-Michel Potiron, un groupe de personnes de l’Université de Lausanne et de la Cinéma­thèque suisse s’est réuni afin de composer un corpus de films qui interrogent la guerre de manière subversive ou détournée.
Gianni Haver, Frédéric Maire
Vu:
[3] pages-42-43

Vu:
Une femme âgée
Au milieu d’une route de village
Pousser du pied
Une branche cassée
Et lui parler
5 avril
Leonor Iten, Francis Traunig
 
Chronique
Jean-Louis Boissier, Mathieu Menghini, Jérôme Stettler
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