[7] été 2013
Bons baisers de Sulina
[7] pages 3-7
Arrimée aux confins orientaux de la Roumanie, donc de l’Europe, la ville de Sulina fut un siècle durant le siège cosmopolite d’une alliance européenne chargée de garantir la libre circulation sur le Danube. Aujourd’hui, elle se meurt tranquillement dans le souvenir de son glorieux passé.
Arrimée aux confins orientaux de la Roumanie, donc de l’Europe, la ville de Sulina fut un siècle durant le siège cosmopolite d’une alliance européenne chargée de garantir la libre circulation sur le Danube. Aujourd’hui, elle se meurt tranquillement dans le souvenir de son glorieux passé.
Kurdistan: naissance d’une république
[7] pages 9-11
Erbil, 21 février 2013, arrivée du vol direct en provenance de Vienne. Relevé de mes empreintes digitales, bruit sourd du tampon encreur sur mon passeport. Bienvenue au Kurdistan d’Irak!
Erbil, 21 février 2013, arrivée du vol direct en provenance de Vienne. Relevé de mes empreintes digitales, bruit sourd du tampon encreur sur mon passeport. Bienvenue au Kurdistan d’Irak!
Rouge bonnet, bonnet rouge
[7] pages 13-15
Comment un aristocrate genevois a promu malgré lui l’usage du bonnet phrygien, symbole de la liberté, après avoir fait massacrer et déporter ses propres soldats. Et comment son fils en revanche a sauvé l’honneur perdu de M. le marquis Lullin de Châteauvieux.
Comment un aristocrate genevois a promu malgré lui l’usage du bonnet phrygien, symbole de la liberté, après avoir fait massacrer et déporter ses propres soldats. Et comment son fils en revanche a sauvé l’honneur perdu de M. le marquis Lullin de Châteauvieux.
La claire fontaine
[7] pages 16-17
De corps fatigué, avec sur ses cheveux comme une pelletée de cendre, cinquante-quatre ans, les épaules chargées d’un sac, Courbet enquilla la rue de la Froidière, la barbe ouverte d’un sourire de bel entrain. Là où les pavés cessent, il se retourna, faisant se tordre l’écharpe bleue de sa pipe. Le jeune Ordinaire, son élève, s’était noué sur le visage une expression bien grave, jetant de droite et de gauche des regards de sentinelle et montrant, c’était drôle, qu’il était paré pour la bagarre, l’héroïsme même.
> La claire fontaine (Éditions Verdier)
De corps fatigué, avec sur ses cheveux comme une pelletée de cendre, cinquante-quatre ans, les épaules chargées d’un sac, Courbet enquilla la rue de la Froidière, la barbe ouverte d’un sourire de bel entrain. Là où les pavés cessent, il se retourna, faisant se tordre l’écharpe bleue de sa pipe. Le jeune Ordinaire, son élève, s’était noué sur le visage une expression bien grave, jetant de droite et de gauche des regards de sentinelle et montrant, c’était drôle, qu’il était paré pour la bagarre, l’héroïsme même.
> La claire fontaine (Éditions Verdier)
Le passeport du lilas
[7] page 20
Tu es assis sur un tabouret à la table de la cuisine, la fenêtre sans rideau est ouverte, tu regardes les objets qui se trouvent sur cette table: des pommes de terre, trois œufs, deux agendas, un pain, une bouteille de vin rouge, un verre rempli de vin rouge, l’ordinateur portable, la souris de cet ordinateur et son tapis rond et noir, le cendrier, un médicament dans son emballage en plastique transparent.
Tu es assis sur un tabouret à la table de la cuisine, la fenêtre sans rideau est ouverte, tu regardes les objets qui se trouvent sur cette table: des pommes de terre, trois œufs, deux agendas, un pain, une bouteille de vin rouge, un verre rempli de vin rouge, l’ordinateur portable, la souris de cet ordinateur et son tapis rond et noir, le cendrier, un médicament dans son emballage en plastique transparent.
Lettre de Suède (via São Paulo et Salvador da Bahia)
[7] pages 21-25
De quel bois est-on fait? De cette matérialité qui nous entoure, de celle qui nous constitue, de celle dont on provient et de celle qui se crée par les expériences qui nous transforment à jamais. Des histoires qu’on nous raconte et qu’on se raconte. Le bois qui me constitue plie mais ne rompt pas.
De quel bois est-on fait? De cette matérialité qui nous entoure, de celle qui nous constitue, de celle dont on provient et de celle qui se crée par les expériences qui nous transforment à jamais. Des histoires qu’on nous raconte et qu’on se raconte. Le bois qui me constitue plie mais ne rompt pas.
L’intranquillité du monde et de ses enfers
[7] pages 26-27
À propos d’Anticorps d’Antoine d’Agata.
À propos d’Anticorps d’Antoine d’Agata.
Le théâtre des opérations
[7] pages 29-33
«Avec le temps, ma compréhension des situations auxquelles je suis confronté a aussi eu tendance à s’affiner, à se complexifier, ce qui complexifie également ma pratique. D’une certaine manière, le monde dans lequel nous vivons s’est également, objectivement ou subjectivement, énormément complexifié…», écrit Matthias Bruggmann. Nous publions ses images et celles de Christian Lutz. Tous deux figurent parmi les invités des 50 JPG à Genève qui, sous le titre fALSEfAKES ou vraifauxsemblants, visent à interroger la qualité documentaire de la photographie.
«Avec le temps, ma compréhension des situations auxquelles je suis confronté a aussi eu tendance à s’affiner, à se complexifier, ce qui complexifie également ma pratique. D’une certaine manière, le monde dans lequel nous vivons s’est également, objectivement ou subjectivement, énormément complexifié…», écrit Matthias Bruggmann. Nous publions ses images et celles de Christian Lutz. Tous deux figurent parmi les invités des 50 JPG à Genève qui, sous le titre fALSEfAKES ou vraifauxsemblants, visent à interroger la qualité documentaire de la photographie.
Eau de vie
[7] pages 34-36
L’eau qui enveloppe Ophélie, belle noyée de l’Hamlet shakespearien, est bien la même que celle qui sauve l’assoiffé du désert. L’eau qui engloutit les occupants du Titanic est bien la même sur laquelle voguent les plaisanciers. L’eau qui submerge les terres est aussi celle qui offre sa force. Elle nous fait matière plutôt que poussière, elle baigne les continents et donne son identité à notre planète, et pourtant, elle est parfois si rare qu’on se bat pour elle.
Léman, la mer des Suisses
[7] pages 38-39
On a beau chercher: ce lac Léman qui inspire les peintres, les photographes et les écrivains depuis plus de 500 ans semble se refuser au cinéma. Comme si sa beauté implacable, ses lumières changeantes se niaient à la caméra et refusaient qu’on les transforme en histoires. En marge de l’exposition du Musée Jenisch, Lemancolia, la Cinémathèque suisse propose néanmoins un cycle d’une vingtaine de films pour regarder le Léman dans l’écran.
On a beau chercher: ce lac Léman qui inspire les peintres, les photographes et les écrivains depuis plus de 500 ans semble se refuser au cinéma. Comme si sa beauté implacable, ses lumières changeantes se niaient à la caméra et refusaient qu’on les transforme en histoires. En marge de l’exposition du Musée Jenisch, Lemancolia, la Cinémathèque suisse propose néanmoins un cycle d’une vingtaine de films pour regarder le Léman dans l’écran.
Chronique