[9] hiver 2013-2014
Longyearbyen, aux portes de la nuit
[9] pages 3-6
Située aux confins de l’Arctique, non loin du pôle Nord, Longyearbyen, 2000 âmes, 44 nationalités et autant d’histoires à raconter, a fasciné la réalisatrice lausannoise Marie Geiser, comme beaucoup d’autres avant elle. À l’occasion de la présentation de son film aux protagonistes, rencontre avec une ville à la fois en marge et au cœur du monde, peu avant la nuit polaire.
Située aux confins de l’Arctique, non loin du pôle Nord, Longyearbyen, 2000 âmes, 44 nationalités et autant d’histoires à raconter, a fasciné la réalisatrice lausannoise Marie Geiser, comme beaucoup d’autres avant elle. À l’occasion de la présentation de son film aux protagonistes, rencontre avec une ville à la fois en marge et au cœur du monde, peu avant la nuit polaire.
Dans l’attente de l’ange
[9] pages 8-9
Comment se glisser «entre»? C’est la question que se pose le metteur en scène Guillaume Béguin au moment d’entamer les répétitions de Je suis le vent. Chez Jon Fosse, c’est là que ça se passe, estime-t-il. Là que s’exprime quelque chose qui ne peut se dire qu’à travers le théâtre.
«Human Elegy»
[9] pages 11-17
Human Elegy est une série d’images photographiques, portraits de femmes et d’hommes qui témoignent d’un certain état de notre monde contemporain. Images de personnes menacées ou de populations qui n’existent plus, à cause de l’exploitation incontrôlée des richesses du sous-sol. Vingt-quatre visages en grand format pour présenter celles et ceux qui luttent ou qui ont lutté pour préserver l’environnement et les droits des peuples sur leurs terres ancestrales, défenseurs des droits humains du présent et du passé.
Human Elegy est une série d’images photographiques, portraits de femmes et d’hommes qui témoignent d’un certain état de notre monde contemporain. Images de personnes menacées ou de populations qui n’existent plus, à cause de l’exploitation incontrôlée des richesses du sous-sol. Vingt-quatre visages en grand format pour présenter celles et ceux qui luttent ou qui ont lutté pour préserver l’environnement et les droits des peuples sur leurs terres ancestrales, défenseurs des droits humains du présent et du passé.
Camarade Kisliakov
[9] page 21
Il fallait apprêter la pièce pour l’arrivée des invités. C’était tout sauf simple. Leur chambre était parfaitement carrée, avec trois fenêtres donnant sur les fenêtres de l’immeuble d’en face. Autrefois, ils en avaient eu quatre et, durant une année entière, ils avaient dû supporter les chuchotements haineux des voisins. La seule idée que les Kisliakov fussent mieux lotis qu’eux les privait de sommeil et d’appétit, alors même qu’ils ne pouvaient escompter de s’agrandir à leurs dépens. (…)
> Camarade Kisliakov (Éditions Héros-Limite)
Il fallait apprêter la pièce pour l’arrivée des invités. C’était tout sauf simple. Leur chambre était parfaitement carrée, avec trois fenêtres donnant sur les fenêtres de l’immeuble d’en face. Autrefois, ils en avaient eu quatre et, durant une année entière, ils avaient dû supporter les chuchotements haineux des voisins. La seule idée que les Kisliakov fussent mieux lotis qu’eux les privait de sommeil et d’appétit, alors même qu’ils ne pouvaient escompter de s’agrandir à leurs dépens. (…)
> Camarade Kisliakov (Éditions Héros-Limite)
Photographie iconoclaste
[9] pages 22-23
Qu’ont à se dire la Bible et l’Archive of Modern Conflict de Londres? Quels liens établir entre le texte fondateur des valeurs et de l’histoire chrétiennes et les millions de photographies pour l’essentiel anonymes qui témoignent des grandes violences du XXe siècle comme des petites histoires familiales? Quelle stratégie inventer pour qu’une rencontre soit possible entre un livre de haute spiritualité et les images de la vie des hommes du siècle passé?
Qu’ont à se dire la Bible et l’Archive of Modern Conflict de Londres? Quels liens établir entre le texte fondateur des valeurs et de l’histoire chrétiennes et les millions de photographies pour l’essentiel anonymes qui témoignent des grandes violences du XXe siècle comme des petites histoires familiales? Quelle stratégie inventer pour qu’une rencontre soit possible entre un livre de haute spiritualité et les images de la vie des hommes du siècle passé?
Le jour où j’ai traversé une tempête aussi vieille que le monde
[9] page 24
Il est deux heures trente du matin, je me réveille en chamboulement. Depuis trois jours, je me traîne dans une sorte de torpeur générale. J’avance au ralenti. Anesthésiée par une fatigue magistrale, je pèse au moins mille kilos.
Il est deux heures trente du matin, je me réveille en chamboulement. Depuis trois jours, je me traîne dans une sorte de torpeur générale. J’avance au ralenti. Anesthésiée par une fatigue magistrale, je pèse au moins mille kilos.
Pénurie
[9] pages 25-27
Quand on ne sait plus que faire d’un anxieux, d’un menaçant, on l’envoie de gré ou de force à la salle dite de «l’extinction des sens». On a recouru à ce moyen durant les deux dernières guerres, les anciens en parlent comme d’un soin hérité de la nuit des temps. (…)
> Pénurie (Éditions art&fiction)
Quand on ne sait plus que faire d’un anxieux, d’un menaçant, on l’envoie de gré ou de force à la salle dite de «l’extinction des sens». On a recouru à ce moyen durant les deux dernières guerres, les anciens en parlent comme d’un soin hérité de la nuit des temps. (…)
> Pénurie (Éditions art&fiction)
Vies de C. F. Ramuz
[9] pages 28-29
Les directeurs du chantier Ramuz ont voulu, pour fêter la fin des travaux, soit deux volumes de Romans à la Pléiade et 29 volumes d’Œuvres complètes chez Slatkine, publier un album où les images et les documents de tous ordres racontent l’écrivain auquel ils ont consacré chacun beaucoup d’années de leur vie. Le choix le plus subversif de cet album est son titre: Vies de C. F. Ramuz (au pluriel, attention), qui déconstruit d’un coup l’image monolithique de Ramuz, cultivée et soignée pendant tout un demi-siècle.
Les directeurs du chantier Ramuz ont voulu, pour fêter la fin des travaux, soit deux volumes de Romans à la Pléiade et 29 volumes d’Œuvres complètes chez Slatkine, publier un album où les images et les documents de tous ordres racontent l’écrivain auquel ils ont consacré chacun beaucoup d’années de leur vie. Le choix le plus subversif de cet album est son titre: Vies de C. F. Ramuz (au pluriel, attention), qui déconstruit d’un coup l’image monolithique de Ramuz, cultivée et soignée pendant tout un demi-siècle.
Aujourd’hui
[9] pages 29-31
L’une des vies de Ramuz, qui avait la passion des idées, fut celle de collaborateur ou d’animateur de revues cherchant à donner au métier d’écrivain – métier d’artiste au plein sens du mot – un complément, nécessairement alimentaire mais pas seulement, en rapport avec la vie sociale pour le sortir de son isolement, lui permettre de participer au débat d’idées tout en faisant connaître une manière personnelle de voir, de sentir et de comprendre.
Chris Marker et l’édition
[9] pages 32-34
Le cinéaste a eu une fructueuse collaboration avec les éditions du Seuil durant une décennie.
Le cinéaste a eu une fructueuse collaboration avec les éditions du Seuil durant une décennie.
Voyages extraordinaires dans le monde Marker
[9] page 35
«Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance»: tels sont les mots du début de La Jetée, photo-roman-film, œuvre unique par sa forme, conte philosophique de science-fiction de Chris Marker, dont les photos (à l’exception d’un court plan filmé sur le visage d’Hélène Châtelain) ont marqué des générations entières.
«Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance»: tels sont les mots du début de La Jetée, photo-roman-film, œuvre unique par sa forme, conte philosophique de science-fiction de Chris Marker, dont les photos (à l’exception d’un court plan filmé sur le visage d’Hélène Châtelain) ont marqué des générations entières.
Jeu n’est pas je
[9] pages 37-39
Retrouvé dans mon tiroir un petit dé coloré. Sur chaque face, des ronds rouges comme des pommes de contes de fées semblent chuter, entre bleu et vert, entre ciel et terre. C’est comme un paysage à six faces où rien ne s’aligne, puisque le destin lui non plus ne respecte pas les lignes droites. Alors, s’il faut confier sa vie à un dé, autant que celui-ci nous rappelle, par son allure même, avant qu’on ne le lance dans son aléatoire trajectoire, qu’il n’est pas un guide. Et pourtant combien de destins, depuis qu’ont été sculptés de tels petits cubes, ont tenu au nombre de points sur la face qui, au bout du lancer, prend le dessus.
Lambeaux, cire et or
[9] pages 41-45
L’expérience de la beauté n’a rien de démocratique, mais elle s’apprend. Voyager pour la vivre, dans ses formes les plus jubilatoires, cruelles et paradoxales. L’histoire commence avec une école d’art devenue nomade pour échapper à un hôpital psychiatrique, ou alors mieux le visiter.
L’expérience de la beauté n’a rien de démocratique, mais elle s’apprend. Voyager pour la vivre, dans ses formes les plus jubilatoires, cruelles et paradoxales. L’histoire commence avec une école d’art devenue nomade pour échapper à un hôpital psychiatrique, ou alors mieux le visiter.
Post Tenebras Rock, une épopée électrique 1983-2013
[9] pages 46-47
Post Tenebras Rock. La devise renvoie à celle qu’arbore Genève sur ses armoiries, Post Tenebras Lux, en référence à la Réforme protestante, dont la cité fut la capitale européenne au XVIe siècle. Dans les années 1980, le clin d’œil se veut ironique, dans la mesure où les partisans d’une scène rock ne cessent de dénoncer le conformisme bourgeois et la morosité culturelle de «Calvingrad», ville aseptisée «où le rock est pratiquement inexistant […], où tout le monde s’observe et personne ne se parle.» Bref, à des lieues du bouillonnement de New York, Londres, Berlin, ou même Paris.
> Post Tenebras Rock, une épopée électrique (Éditions La Baconnière)
Post Tenebras Rock. La devise renvoie à celle qu’arbore Genève sur ses armoiries, Post Tenebras Lux, en référence à la Réforme protestante, dont la cité fut la capitale européenne au XVIe siècle. Dans les années 1980, le clin d’œil se veut ironique, dans la mesure où les partisans d’une scène rock ne cessent de dénoncer le conformisme bourgeois et la morosité culturelle de «Calvingrad», ville aseptisée «où le rock est pratiquement inexistant […], où tout le monde s’observe et personne ne se parle.» Bref, à des lieues du bouillonnement de New York, Londres, Berlin, ou même Paris.
> Post Tenebras Rock, une épopée électrique (Éditions La Baconnière)
Chronique