[10] printemps 2014
Après les barricades, la ruse
[10] pages 3-4

Faut-il croire cette belle histoire de politique et d’amour qui fait se rencontrer près de la place Maïdan une jeune femme rousse et un soldat aux yeux bleus? Je la transcris comme je l’ai entendue, racontée par les amies de Virginia et de Pavel.
Daniel de Roulet
 
Lettres de Syrie
[10] pages 6-7

Bonjour mon amie,
Il y a deux semaines, il s’est produit une énorme explosion dans le quartier de Mazra’a à Damas. Bien que nous soyons relativement éloignés du lieu de l’explosion, notre école a tremblé, les vitres des fenêtres ont éclaté et les portes sont sorties de leurs gonds. Il a fallu gérer la vague de panique qui s’est déclenchée chez les élèves et chez leurs parents qui se sont rués à l’école pour s’assurer du sort des enfants. (…)
> Lettres de Syrie (Éditions Buchet-Chastel)
Joumana Maarouf
Une architecture sans émotion?
[10] pages 8-9

Faut-il construire des prisons? Si la question peut se poser pour des architectes, elle a encore plus d’acuité pour la société toute entière.
Leopold Banchini
Der Goalie bin ig
[10] pages 10-11

La nuit, j’ai rêvé que je m’étais fait un shoot beau et chaud. Ce n’était qu’un rêve. Il ne m’arrive rien. Je me contrôle. J’y arrive, si je veux. Et je veux. Je ne sais même plus quand j’ai pris quelque chose pour la dernière fois, mais ça fait longtemps c’est sûr. En fait, on a arrêté ensemble, Ueli et moi. N’allait déjà pas très bien à l’époque, le mec, c’est pour ça qu’il n’a pas réussi à continuer. Ça me désole. Mais je n’y peux rien.
> Faut quitter Schummertal! (Éditions d’en bas)
Pedro Lenz, Jérôme Stettler
Frontières
[10] pages 12-13

Without/Sans, d’Ezra Nahmad, qui n’est pas précisément un livre mais un grand cahier de belle tenue, prolonge et complète nécessairement Wall de Josef Koudelka. Ce sont les images de territoires de l’après. Après le désastre de la partition des terres palestiniennes et israéliennes, après la violence des architectures bétonnées.
Jean Perret
Beyrouth, chroniques et détours
[10] pages 14-15

J’ai découvert la littérature du Moyen-Orient à l’université où mon professeur, un grand auteur libanais, me trouvait on ne peut plus déconcertante. Il ne comprenait pas pourquoi je m’habillais «hip» et «libéral» comme il disait, pourquoi je parlais avec un accent américain, pourquoi je fumais et buvais de la bière, pourquoi je sortais avec des garçons, pourquoi je venais étudier à New York, l’autre bout du monde. (…)
> Beyrouth, chroniques et détours (Éditions Tamyras)
Sophie Chamas
Trois femmes actuelles
[10] pages 16-21

Dans ces portraits intimes de trois Togolaises d’aujourd’hui, c’est le présent et l’avenir d’une Afrique nouvelle qui se dessine, égratignant le cliché de l’Africaine cantonnée au rôle traditionnel d’épouse et de mère. Rencontre avec des trentenaires citadines, célibataires, et soucieuses de leur indépendance.
Fleur Daugey, Jean Fotso
Rome, une traversée
[10] pages 23-26
Didier Jordan
Histoires de gens sans histoire
[10] page 27

En 1972, dans Fellini Roma, Federico Fellini filme la Rome du XXe siècle, et notamment un embouteillage massif sur l’autoroute, le Grande Raccordo Anulare, qu’il compare à un anneau de Saturne. Quarante ans après, Gianfranco Rosi reprend cette image pour une série de portraits. Son film, Sacro GRA, a reçu en 2013 le Lion d’or de la Mostra de Venise.
Luciano Barisone, Jean Perret
Une île qui n’en est pas une
[10] pages 28-29

Quand je ne sais plus où aller, je marche. Cette année, j’ai commencé par beaucoup marcher, sur la neige devenue mer. Jusqu’à ce que les mots viennent. Pour comprendre mon rêve insulaire. Et pourquoi, comme l’Inn et le Simplon-Express, je pars toujours vers le sud-est, les Balkans. À la rencontre de ma part manquante et de l’autre Europe.
Sonia Zoran
Le coiffeur et le bouzouki
[10] page 33

L’épicerie du village est restée fermée une bonne quinzaine d’années. À l’étage, les parents avaient depuis longtemps pris leur retraite et le local du bas, autrefois si animé, avait été abandonné à la lèpre des bâtisses agonisantes, menaçant de faire s’effondrer toute la maison.
Philippe Constantin
Impressions nubiennes
[10] pages34-37

De Khartoum à Kerma, une illustration des relations complexes, pacifiques ou tumultueuses, que les groupements humains n’ont cessé d’entretenir avec leurs voisins et avec leurs dieux.
Marguerite Contat
«Lecture: la vie des gens que je rencontre»
[10] pages 38-41

Me voir et m’inventer dans les yeux de l’autre. Une double introspection, physique et intellectuelle. Devenir plus petite, brune et italienne qu’à Genève. Des lettres, celles que je vous ai écrites et celles que j’ai lues, ont initié un voyage dans le temps et le vaste territoire de mon identité. Les morts me parlent. Et ma masculinité septentrionale se renforce au contact d’une féminité scandinave si exotique.
Donatella Bernardi
À Berlin
[10] pages 42-43

Les arrosoirs vivent tout à côté des humains. Ils se rencontrent, s’aiment, se reproduisent, travaillent et vivent en société. Puis un jour, en toute discrétion, s’en vont.
Dominique de Rivaz
 
Pourquoi veux-tu que ça rime?
[10] pages 42-43

Comment te parler, puisque tu n’existes pas? Comment saisir la balle que tu lances pour moi à l’autre bout du monde? Ne faire confiance qu’au vent – et encore?
> Pourquoi veux-tu que ça rime? (Éditions d’autre part)
Odile Cornuz
 
Chronique
Jean-Louis Boissier, Alexandre Chollier
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