[12] automne 2014

De l’autre côté du miroir, l’Albanie
[12] pages 3-5
Dans le jardin de Monda, il y a des rosiers et des palmiers. Des lauriers et des citronniers. Et des callas blancs qui trompettent. Dans le salon de Monda, il y a l’ordinateur et des voix venues de loin. Ou des silences. Et entre nous, il y a des mots que je ne comprends pas. Même si je comprends tout.
Dans le jardin de Monda, il y a des rosiers et des palmiers. Des lauriers et des citronniers. Et des callas blancs qui trompettent. Dans le salon de Monda, il y a l’ordinateur et des voix venues de loin. Ou des silences. Et entre nous, il y a des mots que je ne comprends pas. Même si je comprends tout.

Mon père, la révolution et moi
[12] pages 7-9
«Il fallait que je fasse quelque chose de mon histoire. Je m’appelle Horizon et je suis une enfant de la révolution.» Une quête identitaire et politique qui nous emmène de la Turquie des années 70 vers la Suisse du XXIe siècle, en un premier long métrage qui allie documentaire, fiction et animation. Horizon raconte.
«Il fallait que je fasse quelque chose de mon histoire. Je m’appelle Horizon et je suis une enfant de la révolution.» Une quête identitaire et politique qui nous emmène de la Turquie des années 70 vers la Suisse du XXIe siècle, en un premier long métrage qui allie documentaire, fiction et animation. Horizon raconte.

Barbecue chez les barbares
[12] pages 11-13
Majesté, aussi vrai que je suis votre coiffeur et que je m’appelle Figaro, je vous dois la vérité. Je vous la dis parce que Votre Majesté m’a prié de lui faire savoir ce que pensent non pas les autochtones, mais les expats venus de l’Occident pour habiter ici, près du désert et des palmiers sous le ciel d’Arabie.
Majesté, aussi vrai que je suis votre coiffeur et que je m’appelle Figaro, je vous dois la vérité. Je vous la dis parce que Votre Majesté m’a prié de lui faire savoir ce que pensent non pas les autochtones, mais les expats venus de l’Occident pour habiter ici, près du désert et des palmiers sous le ciel d’Arabie.

Birthday
[12] pages 14-19
A l’occasion des dix ans de la mort de Tony Morgan (17.10.2004 – 17.10.2014)
A l’occasion des dix ans de la mort de Tony Morgan (17.10.2004 – 17.10.2014)

Le dernier gardien d’Ellis Island
[12] pages 20-21
C’est par la mer que tout est arrivé. Par la mer, avec ces deux bateaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi ils ne sont jamais repartis, c’est le vif de ma chair et de mon âme qu’ils ont éperonné avec leurs ancres et leurs grappins. Tout ce que je croyais acquis a été réduit en cendres. Dans quelques jours, j’en aurai fini avec cette île qui a dévoré ma vie. Fini avec cette île dont je suis le dernier gardien et le dernier prisonnier. Fini avec cette île, alors que je ne sais presque rien du reste du monde. Je n’emporte que deux valises et quelques pauvres meubles. Des malles de souvenirs. Ma vie.
> Le dernier gardien d'Ellis Island (Éditions Noir sur Blanc)
C’est par la mer que tout est arrivé. Par la mer, avec ces deux bateaux qui ont un jour accosté ici. Pour moi ils ne sont jamais repartis, c’est le vif de ma chair et de mon âme qu’ils ont éperonné avec leurs ancres et leurs grappins. Tout ce que je croyais acquis a été réduit en cendres. Dans quelques jours, j’en aurai fini avec cette île qui a dévoré ma vie. Fini avec cette île dont je suis le dernier gardien et le dernier prisonnier. Fini avec cette île, alors que je ne sais presque rien du reste du monde. Je n’emporte que deux valises et quelques pauvres meubles. Des malles de souvenirs. Ma vie.
> Le dernier gardien d'Ellis Island (Éditions Noir sur Blanc)

Le dossier Alvin
[12] page 21
Huit bras enserrent un étui à cigares. Des ventouses géantes se pressent sur la forme cabossée. À la lumière des phares du bathyscaphe éclairant une nuit liquide d’un bleu profond, jaillissant d’un nuage d’encre de pieuvre, ondoient les reflets argentés du cylindre atomique. La bombe est finalement remontée à la surface. Le sauvetage nucléaire est la première mission militaire du DSV Alvin, Deep Submergence Vehicle, submersible créé en 1964. (…)
> Le dossier Alvin (Éditions art&fiction)
Huit bras enserrent un étui à cigares. Des ventouses géantes se pressent sur la forme cabossée. À la lumière des phares du bathyscaphe éclairant une nuit liquide d’un bleu profond, jaillissant d’un nuage d’encre de pieuvre, ondoient les reflets argentés du cylindre atomique. La bombe est finalement remontée à la surface. Le sauvetage nucléaire est la première mission militaire du DSV Alvin, Deep Submergence Vehicle, submersible créé en 1964. (…)
> Le dossier Alvin (Éditions art&fiction)
Morriña
[12] page 22
Aphone. Quand Clara a passé la frontière naturelle qui sépare les deux communautés autonomes. On entre dans un tunnel dans la province de Z., plate et écrasée de soleil, un paysage quichottien typique, et on sort de l’autre côté dans la province de O., verte comme un bois arthurien.
Aphone. Quand Clara a passé la frontière naturelle qui sépare les deux communautés autonomes. On entre dans un tunnel dans la province de Z., plate et écrasée de soleil, un paysage quichottien typique, et on sort de l’autre côté dans la province de O., verte comme un bois arthurien.

Amos Gitai, état des lieux sans frontières
[12] pages 23-27
Alors que le conflit israélo-palestinien semble voué à se poursuivre sans fin, il est un cinéaste qui ne cesse de filmer cette blessure et cherche à renouer le dialogue entre ces peuples «ennemis»: l’Israélien Amos Gitai. Une exposition à l’Élysée, une rétrospective intégrale à la Cinémathèque suisse et la sortie de ses deux derniers films, Ana Arabia et Lullaby for my Father, démontrent combien un artiste peut, à sa mesure, se battre pour des idées et pour abolir les frontières qui limitent nos esprits.
Alors que le conflit israélo-palestinien semble voué à se poursuivre sans fin, il est un cinéaste qui ne cesse de filmer cette blessure et cherche à renouer le dialogue entre ces peuples «ennemis»: l’Israélien Amos Gitai. Une exposition à l’Élysée, une rétrospective intégrale à la Cinémathèque suisse et la sortie de ses deux derniers films, Ana Arabia et Lullaby for my Father, démontrent combien un artiste peut, à sa mesure, se battre pour des idées et pour abolir les frontières qui limitent nos esprits.

Diversions
[12] pages 28-29
L’image photographique est toujours une création de l’œil, une vision. Dans ces clichés indiens, il s’agit plutôt de détourner le regard du réel.

Vertigo
[12] pages 32-33
Dans cette série menée durant l’année 2012-2013, le photographe joue sur la richesse de gamme du noir au blanc pour composer une «obscurité lumineuse». À chacun de chercher dans ces images son propre chemin narratif, onirique et forcément vertigineux.
Dans cette série menée durant l’année 2012-2013, le photographe joue sur la richesse de gamme du noir au blanc pour composer une «obscurité lumineuse». À chacun de chercher dans ces images son propre chemin narratif, onirique et forcément vertigineux.

Kamagaski
[12] pages 34-35
Kamagasaki est un quartier de la ville d’Osaka. Depuis les années 1950, c’est une vaste réserve de main-d’œuvre à bon marché. Sauf que le travail s’est raréfié et que les chômeurs n’ont jamais cessé d’affluer. (…) Antithèse d’un Japon poli et ordonné, le quartier inspire cinéastes documentaires et photographes, comme ici Eduardo Cebollero qui fait ressortir l’aspect théâtral de la situation. Dans ces images, qui datent de 2013, on peut avoir l’impression d’être dans une version décalée de L’Opéra de quat’sous.
Kamagasaki est un quartier de la ville d’Osaka. Depuis les années 1950, c’est une vaste réserve de main-d’œuvre à bon marché. Sauf que le travail s’est raréfié et que les chômeurs n’ont jamais cessé d’affluer. (…) Antithèse d’un Japon poli et ordonné, le quartier inspire cinéastes documentaires et photographes, comme ici Eduardo Cebollero qui fait ressortir l’aspect théâtral de la situation. Dans ces images, qui datent de 2013, on peut avoir l’impression d’être dans une version décalée de L’Opéra de quat’sous.

Paysages débordés
[12] pages 36-37
Mars 2011. Naoya Hatakeyama doit se rendre à Rikuzentakata. À moto, depuis Tokyo, sur les routes en direction du nord, enneigées dans la région de Yamagata, puis pris en charge en voiture par des amis de fortune, en faisant les détours imposés par les routes et les ponts arrachés de la surface de la terre et attentif aux informations sur les émanations radioactives de la centrale de Fukushima. Ses deux sœurs sont-elles en vie? Sa mère, dont la maison est particulièrement exposée au bord de la rivière, proche de l’Océan?
Mars 2011. Naoya Hatakeyama doit se rendre à Rikuzentakata. À moto, depuis Tokyo, sur les routes en direction du nord, enneigées dans la région de Yamagata, puis pris en charge en voiture par des amis de fortune, en faisant les détours imposés par les routes et les ponts arrachés de la surface de la terre et attentif aux informations sur les émanations radioactives de la centrale de Fukushima. Ses deux sœurs sont-elles en vie? Sa mère, dont la maison est particulièrement exposée au bord de la rivière, proche de l’Océan?

Le voyage de la madone
[12] pages 38-39
«Il est interdit de prendre des photos, Madame!» Le ton est courtois mais ferme. Je balbutie dans un allemand hésitant que je ne dérange personne. Peine perdue. Le gardien qui m’a interpellée me fait signe de le suivre. Surprise en flagrant délit de transgression, un peu intriguée, à peine confuse, je lui emboîte le pas.
«Il est interdit de prendre des photos, Madame!» Le ton est courtois mais ferme. Je balbutie dans un allemand hésitant que je ne dérange personne. Peine perdue. Le gardien qui m’a interpellée me fait signe de le suivre. Surprise en flagrant délit de transgression, un peu intriguée, à peine confuse, je lui emboîte le pas.

La ballade de Théo et Jefferson
[12] pages 40-41
Il n’a pas été facile de démêler l’écheveau des origines familiales de Théo. Je préférerais ne pas avoir à dessiner cette généalogie incongrue et baroque, cet arbre protéiforme à la canopée souterraine foisonnante et déroutante.
Il n’a pas été facile de démêler l’écheveau des origines familiales de Théo. Je préférerais ne pas avoir à dessiner cette généalogie incongrue et baroque, cet arbre protéiforme à la canopée souterraine foisonnante et déroutante.

J’aime le saule pleureur
[12] pages 42-43
Quand on est une des designers les plus en vue en Europe, où prend-on ses idées? Qu’est-ce qui nous conduit à créer un objet, ou même à repenser tout un espace? Parfois c’est la simple observation d’un arbre.
Chronique

