[27] été 2018

Portrait d’un hiver intime
[27] pages 3-5
C’est une cinquième saison. Depuis des jours, une pluie tempétueuse transit le versant sud du Jura. Le thermomètre combat l’arrivée de la neige en brandissant ses 3°C chroniques, ironiques. Je m’apprête à faire un feu dans le fourneau à catelles avant de m’installer pour rédiger un rapport sur mes lectures dans les crèches. Convalescente, ma fille dessine dans sa chambre. À l’autre bout de la Suisse, ma grand-mère centenaire vient d’attraper une bronchite. La pensée qu’elle s’apprête à mourir dans son home au Tessin flotte dans la maison.
C’est une cinquième saison. Depuis des jours, une pluie tempétueuse transit le versant sud du Jura. Le thermomètre combat l’arrivée de la neige en brandissant ses 3°C chroniques, ironiques. Je m’apprête à faire un feu dans le fourneau à catelles avant de m’installer pour rédiger un rapport sur mes lectures dans les crèches. Convalescente, ma fille dessine dans sa chambre. À l’autre bout de la Suisse, ma grand-mère centenaire vient d’attraper une bronchite. La pensée qu’elle s’apprête à mourir dans son home au Tessin flotte dans la maison.

Entrez par le jardin
[27] pages 6-7
Il était une fois une illustratrice en manque de jardin. Le service de la culture de Meyrin l’accueille en résidence au Jardin botanique alpin dès mai 2016. Durant les deux années où elle arpente le parc, des rencontres s’instaurent autour de sa démarche. Elle fait le portrait de ceux qui s’arrêtent, collecte leurs souvenirs et pensées de jardins: «le cèdre, bébé, il pleurait déjà», «chaque oiseau chante dans sa langue», «vous êtes taureau, ou vous êtes bélier, ou vous êtes jardin», «des fleurs là où on attendait des légumes»… Elle leur prête aussi son matériel pour peindre, dessiner à leur tour. Les couleurs comme prétexte à l’échange, celles des végétaux, celles des pinceaux, celles du monde aussi dans Meyrin la multiculturelle.
Il était une fois une illustratrice en manque de jardin. Le service de la culture de Meyrin l’accueille en résidence au Jardin botanique alpin dès mai 2016. Durant les deux années où elle arpente le parc, des rencontres s’instaurent autour de sa démarche. Elle fait le portrait de ceux qui s’arrêtent, collecte leurs souvenirs et pensées de jardins: «le cèdre, bébé, il pleurait déjà», «chaque oiseau chante dans sa langue», «vous êtes taureau, ou vous êtes bélier, ou vous êtes jardin», «des fleurs là où on attendait des légumes»… Elle leur prête aussi son matériel pour peindre, dessiner à leur tour. Les couleurs comme prétexte à l’échange, celles des végétaux, celles des pinceaux, celles du monde aussi dans Meyrin la multiculturelle.

La cabane
[27] pages 7-8
Le long d’un sentier boisé, longeant le cours d’eau, le chemin mène vers une cabane déserte. En passant le pas de la porte, on entend résonner des bribes de vie de deux femmes. Chacune à son époque a trouvé refuge ici.
Le long d’un sentier boisé, longeant le cours d’eau, le chemin mène vers une cabane déserte. En passant le pas de la porte, on entend résonner des bribes de vie de deux femmes. Chacune à son époque a trouvé refuge ici.

Seconde nature
[27] pages 9-11
Le jour filtre entre les planches et l’homme s’éveille. Il s’extrait difficilement du drap, les membres endoloris, le dos noueux. Dehors, il a juste le temps d’apercevoir les pattes arrière d’un cochon d’eau qui détale dans les buissons. L’homme sautille plusieurs fois sur la terre sèche et sableuse du seuil de la cabane, relâche les épaules, les bras, les poignets. Il ferme un instant les yeux, la silhouette de la clairière est nette dans l’espace sombre et tacheté de ses paupières. Il avance jusqu’à l’herbe, s’agenouille, s’incline vers l’avant, tend les bras et les jambes et reste quelques secondes ainsi, en chevron, avant de ramener son bassin vers le sol et de s’étirer, les yeux au ciel, où des nuages bombés s’épousent et se défont.
(…)
> Seconde nature (Paulette éditrice)
Le jour filtre entre les planches et l’homme s’éveille. Il s’extrait difficilement du drap, les membres endoloris, le dos noueux. Dehors, il a juste le temps d’apercevoir les pattes arrière d’un cochon d’eau qui détale dans les buissons. L’homme sautille plusieurs fois sur la terre sèche et sableuse du seuil de la cabane, relâche les épaules, les bras, les poignets. Il ferme un instant les yeux, la silhouette de la clairière est nette dans l’espace sombre et tacheté de ses paupières. Il avance jusqu’à l’herbe, s’agenouille, s’incline vers l’avant, tend les bras et les jambes et reste quelques secondes ainsi, en chevron, avant de ramener son bassin vers le sol et de s’étirer, les yeux au ciel, où des nuages bombés s’épousent et se défont.
(…)
> Seconde nature (Paulette éditrice)

Au village
[27] pages 12-14
C’est une envie photographique qui m’habite depuis longtemps. J’ai en effet gardé une vraie affection pour les petits bistrots de campagne de mon enfance et de mon adolescence, ceux de la région de Moutier, où j’ai grandi. En octobre 2017, je me lance et choisis Hauterive, à proximité de Neuchâtel où je réside. Le bistrot qui m’intéresse est malheureusement fermé pour une longue durée. Autour de la même place centrale du village se trouve une boulangerie-pâtisserie-salon de thé, comme il est indiqué sur la devanture. J’entre.

L’autre c'est moi
[27] pages 16-18
Ils ne marchent pas
Ils pleurent
Ils ne courent pas
Ils meurent.
Ce long chemin et la guerre que j’ai traversés
À la recherche d’un monde meilleur
Plus sûr, rempli de paix et de bonheur
Ils ont trouvé grillages et barbelés
En lieu et place de la liberté.
Cet océan bleu clair que j’ai dû sillonner
Me voici, maintenant, seul, encore une fois
Emportant le poids de ce pays maladroit.
> L’autre c'est moi (Éditions Héros-Limite)
> L’autre c'est moi (Éditions Héros-Limite)

Le passage à l’acte
De l’autre côté de la clôture
De l’autre côté de la clôture
[27] pages 21-23
Tu es avec Jean-Louis dans son chalet qui s’appelle La Désirade, vous buvez du vin rouge et vous vous racontez des histoires de vos vies, il te parle de ce qu’il a vécu dans le pays d’ici, tu lui parles du pays de là-bas.
Tu es avec Jean-Louis dans son chalet qui s’appelle La Désirade, vous buvez du vin rouge et vous vous racontez des histoires de vos vies, il te parle de ce qu’il a vécu dans le pays d’ici, tu lui parles du pays de là-bas.

Familles disjointes
[27] pages 24-25
Ils vivent à deux ou trois heures de vol des capitales d’Europe occidentale, ces enfants qui sont les personnages intensément présents des photographies d’Andrea Diefenbach. Autant d’heures les séparent de leurs parents attachés à des labeurs de services et de manutention. Là-bas et ici, la Moldavie, l’Italie. Land ohne Eltern est le récit exceptionnel de rigueur et de sensibilité de situations humaines d’aujourd’hui. La Moldavie, 3,5 millions d’habitants, est en Europe orientale l’un des pays les plus pauvres, sinon le plus accablé par la misère; enfants et adultes sont pris dans les rets de l’économie du désastre.
Ils vivent à deux ou trois heures de vol des capitales d’Europe occidentale, ces enfants qui sont les personnages intensément présents des photographies d’Andrea Diefenbach. Autant d’heures les séparent de leurs parents attachés à des labeurs de services et de manutention. Là-bas et ici, la Moldavie, l’Italie. Land ohne Eltern est le récit exceptionnel de rigueur et de sensibilité de situations humaines d’aujourd’hui. La Moldavie, 3,5 millions d’habitants, est en Europe orientale l’un des pays les plus pauvres, sinon le plus accablé par la misère; enfants et adultes sont pris dans les rets de l’économie du désastre.

Page 27
[27] pages 27-29
Depuis toujours, le vingt-sept, le chiffre 27 me porte chance. Parmi les résolutions du Nouvel An en reste une, sans cesse remise à plus tard, car la vie quotidienne vous saute contre, vous houspille, réclame et rugit. Cela commence par un jeu, aussi intrigant que passionnant. Je n’en attends rien. C’est une expérience. Non pas au hasard mais la main aimantée vers les titres préférés, j’ouvre un livre, puis un autre, à la page 27. Je regarde ce chiffre blasonner le feuillet, en bas, en haut, entre deux tirets ou pas, avec le rappel occasionnel du titre ou du chapitre.
Depuis toujours, le vingt-sept, le chiffre 27 me porte chance. Parmi les résolutions du Nouvel An en reste une, sans cesse remise à plus tard, car la vie quotidienne vous saute contre, vous houspille, réclame et rugit. Cela commence par un jeu, aussi intrigant que passionnant. Je n’en attends rien. C’est une expérience. Non pas au hasard mais la main aimantée vers les titres préférés, j’ouvre un livre, puis un autre, à la page 27. Je regarde ce chiffre blasonner le feuillet, en bas, en haut, entre deux tirets ou pas, avec le rappel occasionnel du titre ou du chapitre.

Wakaliwood, studio ougandais
[27] pages 30-34
En créant Ramon Film Production et en tournant à Wakaliga, un bidonville de Kampala, des comédies d’action à moins de 200 dollars, truffées de poursuites en voiture, de raids d’hélicos, de kung-fu, d’effets spéciaux, de geysers d’hémoglobine et d’explosions, Nabwana Isaac Godfrey Geoffrey, alias IGG, positionne l’Ouganda sur la mappemonde Cinéma.
En créant Ramon Film Production et en tournant à Wakaliga, un bidonville de Kampala, des comédies d’action à moins de 200 dollars, truffées de poursuites en voiture, de raids d’hélicos, de kung-fu, d’effets spéciaux, de geysers d’hémoglobine et d’explosions, Nabwana Isaac Godfrey Geoffrey, alias IGG, positionne l’Ouganda sur la mappemonde Cinéma.

Le Soudan sur grand écran
Un été africain
Un été africain
[27] pages 35-37
Le cinéma soudanais s’éveille d’un long coma. Durant trois décennies, la production a été jugulée, les salles fermées, les archives – parmi les plus riches d’Afrique – délaissées. Depuis quelques années, il renaît grâce à la tenacité de passionnés et au soutien international.
Le cinéma soudanais s’éveille d’un long coma. Durant trois décennies, la production a été jugulée, les salles fermées, les archives – parmi les plus riches d’Afrique – délaissées. Depuis quelques années, il renaît grâce à la tenacité de passionnés et au soutien international.

Explosions volcaniques en Valais
[27] pages 38-39
En contrepoint des manifestations qui commémorent la catastrophe du Giétro, en 1818, les images de Julian Charrière soulignent la responsabilité de l’homme dans l’évolution climatique du XXIe siècle.

Les pavés sur la gueule
[27] page 39
Nostalgie ? Cinquante ans après Mai 68, les célébrations mémorielles abondent. La spectaculaire exposition aux Archives nationales (Paris) Mai 68, les archives du pouvoir visualise l’insurrection urbaine aux rues dépavées.
Nostalgie ? Cinquante ans après Mai 68, les célébrations mémorielles abondent. La spectaculaire exposition aux Archives nationales (Paris) Mai 68, les archives du pouvoir visualise l’insurrection urbaine aux rues dépavées.
Chronique

