[38] printemps 2021
 
Journal de printemps
[38] pages 4-5
Pascal Berney, Pascal Janovjak, Charif Majdalani, Nathalie Piégay, Marina Skalova
L’effarouché
[38] pages 6-8

Tendre l’oreille pour écouter et identifier un chant d’oiseau est une expérience déstabilisante. La mémoire visuelle est autant sollicitée que la mémoire auditive. Quand je vois le pinson qui crie, j’enregistre mieux le son qu’il produit. Mais comme l’apprentissage d’une langue étrangère, le décryptage passe par des progrès et des régressions. Des connaissances qu’on croyait acquises s’obscurcissent. Un chant que j’avais bien identifié en début de saison pourra quelques semaines plus tard m’apparaître énigmatique.
Anaëlle Clot, Sylvain Menétrey
Images inversées, multipliées, dépliées
[38] pages 10-12

C’est par leurs versants négatifs que Laurence Bonvin organise la découverte des glaciers en voie de dissolution, c’est par un exercice d’enfermement en ces paysages fantomatiques qu’elle suggère un état d’urgence. C’est par la prodigalité de ses images saisies de froid qu’Andreas Züst perd ses visiteurs en des voyages qui ont en commun les plaisirs de la confrontation à ces intenses froidures. C’est par le franchissement du seuil de leurs paysages austères que Bernard Plossu et Gilles A. Tiberghien invitent à y prendre pied.
Jean Perret
Roger Cho, guerrier pacifiste
[38] pages 14-17

La Kanaky, est-ce si loin de Genève? Les voyages, les rencontres peuvent les rapprocher. Cette série de textes entrecroise les parcours aussi singuliers qu’exemplaires de personnes qui, d’un côté du globe ou de l’autre, font preuve de volontarisme pour s’émanciper d’une condition donnée. Venus des quatre coins du monde, des autochtones investissent chaque année le Palais des Nations. Parmi eux, un guerrier kanak qui a troqué les armes pour la philosophie non violente de Gandhi. Le travail d’une vie, dont le point de départ est un totem clanique et l’horizon une révolution planétaire.
Donatella Bernardi
Totem
[38] page 19

Universelle, tenace, discrète, excellente écouteuse… Et si la tortue était le totem des traducteurs? Quelques arguments pourraient parler en sa faveur.
Marion Graf, Jérôme Stettler
Friedrich Dürrenmatt 1921-1990
Hors des voies tracées
[38] pages 20-24

Friedrich Dürrenmatt aurait eu 100 ans le 5 janvier 2021. Depuis, expositions et manifestations prévues pour marquer cet anniversaire cherchent leur chemin parmi les contraintes sanitaires. Répondant à une commande du TPR et du Centre Dürrenmatt Neuchâtel, Odile Cornuz a écrit une version théâtrale de la nouvelle Le Tunnel ancrée dans notre époque. La Couleur des jours lui a demandé ce que cela signifiait pour elle que de s’emparer du texte d’une telle figure ogresque de la littérature suisse.
Madeleine Betschart, Anne Bisang, Odile Cornuz
Prix suisses de littérature
[38] pages 26-29

Jamais les Prix suisses de littérature n’ont à ce point révélé la réalité plurilingue qui est celle de ce pays au XXIe siècle. Les ouvrages primés donnent à lire, à entendre, un foisonnement qui va bien au-delà de l’habituel souci de représentation des langues officielles. En allemand, X (Christoph) Schneeberger façonne dans la langue même une inclassable identité queer tandis que Dragica Rajčić Holzner y accueille une enfance d’ailleurs, que Benjamin von Wyl y distille les mots – souvent anglais – de notre âpre modernité, et que la poésie de Levin Westermann en fait sauter les carcans. En français, Corinne Desarzens tisse, en 27 récits, une chaîne entre les idiomes du monde et Alexandre Lecoultre coule pour son personnage une langue savoureusement truffée d’alémanismes. Quant à Silvia Ricci Lempen, bilingue, elle a écrit deux fois son livre, en italien et en français. Autant dire que tous ces ouvrages sont de puissants défis aux traducteurs et traductrices. Pour mettre en valeur cet écheveau linguistique, La Couleur des jours, en collaboration avec l’Office fédéral de la culture, a souhaité publier des extraits de tous les lauréats et non pas seulement les non francophones, inédits en français, comme les années précédentes. Dire encore que le Prix spécial de médiation va aux formidables passeuses que sont les bibliothèques Braille de Genève, Lausanne, Zurich et du Tessin. Quant au Grand Prix, il va à Frédéric Pajak qui, de livre en livre, chemine entre le langage des images et celui des mots.
Dragica Rajčić Holzner, Christoph Schneeberger, Levin Westermann, Benjamin von Wyl
Quels sont ces visages qui nous répondent?
[38] page 30

On a le visage que l’on mérite, dit-on, et parfois on ne le mérite pas. Il est vrai que la plupart des rides ne sont pas là tout à fait par hasard: elles sont la conséquence d’une moue, d’une lassitude grimaçante, d’une inquiétude persistante, mais aussi d’éclats de rire, gravés au coin des yeux. Le visage se change en livre ouvert: il raconte l’histoire de celui qui le porte. (…)

> Portrait, autoportrait (Noir sur Blanc)
Frédéric Pajak
La France atomique
[38] pages 31-48

Voilà près de cent cinquante ans, deux enfants imaginés pour un manuel scolaire font le tour de la France et s’émerveillent de ses richesses naturelles, de ses prouesses techniques. En 2021, Daniel de Roulet fait le récit d’un voyage sur leurs traces, à la recherche des empreintes dans le paysage qui lui semblent les plus bouleversantes par rapport à leur époque. Immanquablement, les centrales nucléaires et autres centres de traitement des déchets s’imposent.
Il y a dix ans, le 11 mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima ne résistait pas au double assaut d’un tremblement de terre et d’un tsunami.
Daniel de Roulet
Mémoire panoramique
[38] pages 49-51

De loin, on dirait une télécabine mise en arrêt pour cause de pandémie, le guichet rouge au milieu de l’entrée derrière les portes vitrées encore fermées.
Heike Fiedler
L’utopie réaliste de Milo Rau
[38] pages 52-53

Le Plaza, qui rouvrira ses portes fin 2023, se prêtera pleinement aux grands événements proposés par les festivals. En attendant ces beaux jours, cette année encore, une plateforme internet sert de lieu central au Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) qui relève avec panache le défi du numérique. Nombre d’activistes témoignent de leur combat, entre regard lucide et capacité d’utopie. Parmi eux, le militant et cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, la légendaire Angela Davis, Patrisse Cullors, artiste, politologue et cofondatrice de Black Lives Matter Global Network, Arundhati Roy ou encore Ai Weiwei. Dans un riche programme de films et de rencontres, nous avons choisi de porter un éclairage sur Le Nouvel Évangile de Milo Rau, également en salle ce printemps.
Élisabeth Chardon
Accent allemand, princesse hindoue et croissants dans l’arrière plan
[38] pages 54-55

On va parler ici des 12 films contenus dans le nouveau triptyque d’affiches du projet «Il était une fois Le Plaza». Ces films ont été sélectionnés parce qu’ils contiennent un nombre dans leur titre. Ils ont tous été projetés au cinéma Le Plaza à Genève entre 1956 et 1976. Certains évoquent quelque chose même aux gens qui ne les ont jamais vus. D’autres ont sombré dans un oubli complet. On a décidé de les évoquer par la bande, en fouillant dans leurs coulisses. Parfois de manière très succincte, parfois en rallongeant la sauce.
Fabienne Radi
Ciné CDEFGH
[38] pages 56-57

«Si le complexe s’appelle déjà Mont-Blanc Centre comme mentionné sur le plan, le nom du cinéma n’est pas défini à cette date [22 février 1952]. Saugey improvise à la place une suite arbitraire de lettres. C’est le temps d’un bâtiment en devenir, quand rien n’est encore figé dans le marbre, le métal, le verre ou le béton. Le temps des possibles: Ciné CDEFGH.»
Serge Fruehauf est un des photographes mandatés par la Fondation Plaza pour porter leur regard sur l’état actuel du cinéma, accompagnés par la commissaire Sarah Zürcher.
Serge Fruehauf
Passages
[38] pages 58-59

Laetitia Gessler est une des photographes mandatés par la Fondation Plaza pour porter leur regard sur l’état actuel du cinéma, accompagnés par la commissaire Sarah Zürcher. Ces deux images appartiennent à une série comprenant huit photographies.
Laetitia Gessler
 
Chronique
Jean-Louis Boissier, Yann Courtiau
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