[42] printemps 2022
Devenir viande
[42] pages 8-11
Tu dis
Je vais à l’usine
Tu dis
Je suis agente de fabrication dans l’industrie agro-alimentaire
Tu dis
C’est mon métier
Agente de fabrication dans l’industrie agro-alimentaire
Tu ne diras pas
Je vais à l’abattoir
Tu ne diras pas
Je tue des animaux à longueur de journée
Tu ne diras pas
C’est mon métier
Tuer des animaux à longueur de journée
Abattoir
Un mot qui existe pas
Tu dis
Je vais à l’usine
Tu dis
Je suis agente de fabrication dans l’industrie agro-alimentaire
Tu dis
C’est mon métier
Agente de fabrication dans l’industrie agro-alimentaire
Tu ne diras pas
Je vais à l’abattoir
Tu ne diras pas
Je tue des animaux à longueur de journée
Tu ne diras pas
C’est mon métier
Tuer des animaux à longueur de journée
Abattoir
Un mot qui existe pas
Prix suisses de littérature
[42] pages 12-17
Depuis 2012, l’Office fédéral de la culture décerne chaque année les Prix suisses de littérature. Une nouvelle fois, La Couleur des jours se réjouit de mettre en valeur la diversité des écritures mises à l’œuvre dans un pays plurilingue avec des extraits des ouvrages publiés dans d’autres langues que le français. Cette année, la poésie de Yari Bernasconi (en italien) et les romans de Dana Grigorcea, Ariane Koch et Christian Kracht (en allemand) ont retenu l’attention de la commission fédérale de littérature. Reçoivent un Prix pour un ouvrage en français: Rebecca Gisler pour le savoureusement incongru D’oncle (Éditions Verdier), Isabelle Sbrissa pour tout tient tout (Héros-Limite), un recueil qui croise deux formes opposées de graphie poétique, et Fabienne Radi, auteure régulière de La Couleur des jours, pour Émail Diamant (art&fiction), soit 32 textes fort variés en lien avec les dents. Le Prix spécial de traduction va à Maurizia Balmelli qui a traduit tant Cormac McCarthy que J.M.G. Le Clézio ou Noëlle Revaz vers l’italien. Et le Grand Prix suisse de littérature 2022 est décerné à Reto Hänny, à l’écriture si particulière, coulant comme un vaste fleuve conscient des affluents qui l’ont nourri, des limons qu’il transporte.
Depuis 2012, l’Office fédéral de la culture décerne chaque année les Prix suisses de littérature. Une nouvelle fois, La Couleur des jours se réjouit de mettre en valeur la diversité des écritures mises à l’œuvre dans un pays plurilingue avec des extraits des ouvrages publiés dans d’autres langues que le français. Cette année, la poésie de Yari Bernasconi (en italien) et les romans de Dana Grigorcea, Ariane Koch et Christian Kracht (en allemand) ont retenu l’attention de la commission fédérale de littérature. Reçoivent un Prix pour un ouvrage en français: Rebecca Gisler pour le savoureusement incongru D’oncle (Éditions Verdier), Isabelle Sbrissa pour tout tient tout (Héros-Limite), un recueil qui croise deux formes opposées de graphie poétique, et Fabienne Radi, auteure régulière de La Couleur des jours, pour Émail Diamant (art&fiction), soit 32 textes fort variés en lien avec les dents. Le Prix spécial de traduction va à Maurizia Balmelli qui a traduit tant Cormac McCarthy que J.M.G. Le Clézio ou Noëlle Revaz vers l’italien. Et le Grand Prix suisse de littérature 2022 est décerné à Reto Hänny, à l’écriture si particulière, coulant comme un vaste fleuve conscient des affluents qui l’ont nourri, des limons qu’il transporte.
Chemins d’artistes
[42] pages 19-20
Le numéro de printemps de la revue Intervalles est consacré aux artistes peintres de la bohème biennoise des années 1950. On les découvre, presque adolescents, rêvant d’évasion dans ce moment particulier de l’histoire de la ville, avant de les retrouver dans la vie parisienne ou sous le ciel du Midi.
Le numéro de printemps de la revue Intervalles est consacré aux artistes peintres de la bohème biennoise des années 1950. On les découvre, presque adolescents, rêvant d’évasion dans ce moment particulier de l’histoire de la ville, avant de les retrouver dans la vie parisienne ou sous le ciel du Midi.
Recouvrances
[42] pages 21-27
Après les brèches, fissures et ruptures auscultées l’an passé, les 25e Journées photographiques de Bienne ne dissimulent pas les malheurs du monde mais elles montrent surtout la vie qui cherche à prendre le dessus, les résiliences possibles, les cicatrisations. Nous avons choisi de faire écho à trois de ces propositions en images.
Après les brèches, fissures et ruptures auscultées l’an passé, les 25e Journées photographiques de Bienne ne dissimulent pas les malheurs du monde mais elles montrent surtout la vie qui cherche à prendre le dessus, les résiliences possibles, les cicatrisations. Nous avons choisi de faire écho à trois de ces propositions en images.
Basculement des apparences
[42] pages 30-31
Regarder les photographies de Dolorès Marat donne à éprouver la douceur veloutée d’instants saisis dans la réconfortante consistance de temps suspendus. Le sentiment est saisissant de faire siennes ces atmosphères étranges et pénétrantes au sein desquelles nous sommes mis en demeure d’imaginer, par-delà les présences souvent évanescentes des gens et des bêtes, des paysages aux épaisseurs insoupçonnées.
Regarder les photographies de Dolorès Marat donne à éprouver la douceur veloutée d’instants saisis dans la réconfortante consistance de temps suspendus. Le sentiment est saisissant de faire siennes ces atmosphères étranges et pénétrantes au sein desquelles nous sommes mis en demeure d’imaginer, par-delà les présences souvent évanescentes des gens et des bêtes, des paysages aux épaisseurs insoupçonnées.
À pas aveugles
[42] pages 33-37
De nombreuses images ont été prises dans les camps de concentration et d’extermination nazis par les tortionnaires eux-mêmes puis par les témoins au moment de la libération. Quelques dizaines de photographies nous sont aussi parvenues prises par des femmes et des hommes eux-mêmes prisonniers de l’enfer. Les itinéraires de quatre d’entre eux sont ici retracés. Dans un livre, Éclats (2019), et dans un film, À pas aveugles (2021), Christophe Cognet a enquêté sur la fabrique de ces images clandestines. Plus encore, il nous embarque avec lui dans la découverte, la reconstitution des moments de leur réalisation. Il est l’invité du Festival Histoire et Cité.
De nombreuses images ont été prises dans les camps de concentration et d’extermination nazis par les tortionnaires eux-mêmes puis par les témoins au moment de la libération. Quelques dizaines de photographies nous sont aussi parvenues prises par des femmes et des hommes eux-mêmes prisonniers de l’enfer. Les itinéraires de quatre d’entre eux sont ici retracés. Dans un livre, Éclats (2019), et dans un film, À pas aveugles (2021), Christophe Cognet a enquêté sur la fabrique de ces images clandestines. Plus encore, il nous embarque avec lui dans la découverte, la reconstitution des moments de leur réalisation. Il est l’invité du Festival Histoire et Cité.
Écrans de fumée et fabriques d’ignorance
[42] pages 38-40
Seveso, Schweizerhalle ou Lubrizol, une catastrophe industrielle et tout explose, les sirènes sifflent, les gyrophares tournent et les secours arrivent. Mais lorsque la catastrophe ne relève pas d’un accident mais de la marche ordinaire d’une industrie, que la contamination s’étale sur plusieurs décennies, que de faibles doses toxiques s’accumulent patiemment dans les corps ouvriers et riverains, les sédiments, les œufs ou les cucurbitacées alentour, que leurs effets pathogènes sont décalés dans le temps et l’espace, est-ce toujours une «catastrophe»? Et comment la faire reconnaître comme telle?
Seveso, Schweizerhalle ou Lubrizol, une catastrophe industrielle et tout explose, les sirènes sifflent, les gyrophares tournent et les secours arrivent. Mais lorsque la catastrophe ne relève pas d’un accident mais de la marche ordinaire d’une industrie, que la contamination s’étale sur plusieurs décennies, que de faibles doses toxiques s’accumulent patiemment dans les corps ouvriers et riverains, les sédiments, les œufs ou les cucurbitacées alentour, que leurs effets pathogènes sont décalés dans le temps et l’espace, est-ce toujours une «catastrophe»? Et comment la faire reconnaître comme telle?
Bleuir l’immensité
[42] pages 41-43
Les pages sont jaunies, le papier fragile, les couvertures parfois écornées. À l’intérieur se déploie une fine écriture à l’encre ou, plus rarement, au crayon gris, qui dévore tout l’espace. Fragiles, ils le sont. Leur couleur est d’un bleu pastel ayant viré pâle avec les années. Le premier est daté de 1901, le dernier s’arrête en 1915. Il y en a quarante-six au total. Ce sont des cahiers scolaires. De simples petits cahiers d’école, rien de plus extraordinaire. Et pourtant. (…)
> Bleuir l’immensité (MetisPresses)
Les pages sont jaunies, le papier fragile, les couvertures parfois écornées. À l’intérieur se déploie une fine écriture à l’encre ou, plus rarement, au crayon gris, qui dévore tout l’espace. Fragiles, ils le sont. Leur couleur est d’un bleu pastel ayant viré pâle avec les années. Le premier est daté de 1901, le dernier s’arrête en 1915. Il y en a quarante-six au total. Ce sont des cahiers scolaires. De simples petits cahiers d’école, rien de plus extraordinaire. Et pourtant. (…)
> Bleuir l’immensité (MetisPresses)
Le dessin pour passeport
[42] pages 44-47
En une poignée d’années, de l’Est parisien à la Tunisie, de la Laponie aux États-Unis en passant par la Russie, Bilal Berreni alias Zoo Project est allé à la rencontre de notre humanité par le dessin. Jusqu’à sa mort tragique en 2013 à Detroit. Il avait 23 ans. Une exposition lui est consacrée pendant le FIFDH. On pourra aussi le suivre en voyage jusqu’à Vladivostok grâce au film C’est assez bien d’être fou, d’Antoine Page.
En une poignée d’années, de l’Est parisien à la Tunisie, de la Laponie aux États-Unis en passant par la Russie, Bilal Berreni alias Zoo Project est allé à la rencontre de notre humanité par le dessin. Jusqu’à sa mort tragique en 2013 à Detroit. Il avait 23 ans. Une exposition lui est consacrée pendant le FIFDH. On pourra aussi le suivre en voyage jusqu’à Vladivostok grâce au film C’est assez bien d’être fou, d’Antoine Page.
Voyages en Russie absolutiste
[42] pages 48-49
Jil Silberstein publie une somme en hommage à quatre opposants. Les extraits publiés ici proviennent de l’enquête consacrée à Anatoli Martchenko, né en 1938, auteur de Mon témoignage, tout premier livre sur les camps post-staliniens, mort à la prison de Tchistopol (Tatarstan) à 48 ans. Il en avait passé vingt entre geôles et colonies de redressement. Au cours de ses voyages à travers la Russie, Jil Silberstein a aussi rencontré des femmes et des hommes qui continuent aujourd’hui le combat contre les dérives autocratiques.
> Voyages en Russie absolutiste (Noir sur Blanc)
Jil Silberstein publie une somme en hommage à quatre opposants. Les extraits publiés ici proviennent de l’enquête consacrée à Anatoli Martchenko, né en 1938, auteur de Mon témoignage, tout premier livre sur les camps post-staliniens, mort à la prison de Tchistopol (Tatarstan) à 48 ans. Il en avait passé vingt entre geôles et colonies de redressement. Au cours de ses voyages à travers la Russie, Jil Silberstein a aussi rencontré des femmes et des hommes qui continuent aujourd’hui le combat contre les dérives autocratiques.
> Voyages en Russie absolutiste (Noir sur Blanc)
Cinéma au long cours
[42] pages 51-54
Nouvel événement au Plaza avant les travaux. C’est toute l’histoire du cinéma ou presque qui est offerte aux cinéphiles, avérés et en devenir, avec les grandes épopées de Mark Cousins, dont une sur l’histoire des réalisatrices depuis les débuts du 7e art. Un film avec lequel dialogue une sélection de courts métrages de femmes suisses programmée par Delphine Jeanneret, artisane de ce Passé Présent Futur 2. À l’affiche aussi le regard radiophonique de Clara Alloing sur le cinéma d’Alain Tanner.
Nouvel événement au Plaza avant les travaux. C’est toute l’histoire du cinéma ou presque qui est offerte aux cinéphiles, avérés et en devenir, avec les grandes épopées de Mark Cousins, dont une sur l’histoire des réalisatrices depuis les débuts du 7e art. Un film avec lequel dialogue une sélection de courts métrages de femmes suisses programmée par Delphine Jeanneret, artisane de ce Passé Présent Futur 2. À l’affiche aussi le regard radiophonique de Clara Alloing sur le cinéma d’Alain Tanner.
L’étalon, la vache et le poisson rouge
[42] pages 56-57
Après une première saison explorant le potentiel des titres de films, la série Il était une fois le Plaza se poursuit dans une seconde saison jouant avec la sonorité des noms de personnalités du cinéma – dont certains des films ont été projetés au Plaza.
Après une première saison explorant le potentiel des titres de films, la série Il était une fois le Plaza se poursuit dans une seconde saison jouant avec la sonorité des noms de personnalités du cinéma – dont certains des films ont été projetés au Plaza.
Cinéma, carte mémoire
[42] pages 59-61
Dans le cadre des Rencontres du 7e art Lausanne, la Cinémathèque suisse présente en première suisse le documentaire de la cinéaste espagnole Inés Toharia Terán, Film, the Living Record of Our Memory. Comme son titre l’indique, cette œuvre nous raconte pourquoi le cinéma est en quelque sorte la trace vivante de notre mémoire; et par conséquent pourquoi il est essentiel de le préserver. Et il met en lumière le moment charnière que vit le cinéma avec l’avènement du numérique.
Dans le cadre des Rencontres du 7e art Lausanne, la Cinémathèque suisse présente en première suisse le documentaire de la cinéaste espagnole Inés Toharia Terán, Film, the Living Record of Our Memory. Comme son titre l’indique, cette œuvre nous raconte pourquoi le cinéma est en quelque sorte la trace vivante de notre mémoire; et par conséquent pourquoi il est essentiel de le préserver. Et il met en lumière le moment charnière que vit le cinéma avec l’avènement du numérique.
Cinés Méditerrannée
[42] pages 52-63
«La matière première des photographies de Stephan Zaubitzer est d’abord le temps. Semblant enregistrer de l’immobilité, ses images accumulent en réalité de multiples couches temporelles, dont elles ont capté et conservé le travail sur l’amplitude d’un siècle. Là où la photographie est censée procéder à une coupe instantanée dans le continuum du temps, celles-ci en tressent des faisceaux différentiels et indémêlables.» (Alain Bergala)
> Cinés Méditerranée (Building Books)
«La matière première des photographies de Stephan Zaubitzer est d’abord le temps. Semblant enregistrer de l’immobilité, ses images accumulent en réalité de multiples couches temporelles, dont elles ont capté et conservé le travail sur l’amplitude d’un siècle. Là où la photographie est censée procéder à une coupe instantanée dans le continuum du temps, celles-ci en tressent des faisceaux différentiels et indémêlables.» (Alain Bergala)
> Cinés Méditerranée (Building Books)
Chronique