[46] printemps 2023
Un dîner sur des pages de romans
[46] pages 6-7
Tout commence par un chatouillis: la crevette a des antennes aussi longues et fines que les moustaches d’un amiral japonais, constate Ernest Hemingway dans Au-delà du fleuve et sous les arbres. On y apprend que la langouste est à point avec la pleine lune et que sans, elle ne vaut rien. Elle mange toute la nuit, ou peut-être que la pleine lune lui apporte de quoi manger. Un chatouillis survenu dans un puits carré, aussi haut qu’une nef de cathédrale, tapissé de 33 000 volumes et éclairé par trois énormes lustres en bouteilles de bière. C’est à Zurich, dans l’ancienne brasserie Hürlimann reconvertie en hôtel, deux marches après le hall, avec au centre une table ronde pour huit. Le chatouillis: un dîner à servir sur des pages de romans.
Tout commence par un chatouillis: la crevette a des antennes aussi longues et fines que les moustaches d’un amiral japonais, constate Ernest Hemingway dans Au-delà du fleuve et sous les arbres. On y apprend que la langouste est à point avec la pleine lune et que sans, elle ne vaut rien. Elle mange toute la nuit, ou peut-être que la pleine lune lui apporte de quoi manger. Un chatouillis survenu dans un puits carré, aussi haut qu’une nef de cathédrale, tapissé de 33 000 volumes et éclairé par trois énormes lustres en bouteilles de bière. C’est à Zurich, dans l’ancienne brasserie Hürlimann reconvertie en hôtel, deux marches après le hall, avec au centre une table ronde pour huit. Le chatouillis: un dîner à servir sur des pages de romans.
Où je me rêve
[46] pages 8-11
Même s’il est décédé le 1er octobre 2017, Philippe Rahmy n’a pas disparu. Parce qu’on le lit, parce que son écriture, forte et engagée, est vivante, irriguant sensations et réflexions chez celles et ceux qui la lisent, battant au cœur de leurs échanges, il nous tient en éveil. Deux livres paraissent ce printemps. L’un regroupe des récits de voyage – inédits ou mis en ligne sur les sites internet où l’écrivain publiait fréquemment – et des extraits de sa correspondance. L’autre est une biographie écrite en amitié, nourrie de témoignages et de plongées dans les archives. La Couleur des jours publie des bonnes feuilles de ces deux ouvrages, en évidente fidélité au souvenir que cet auteur nous a laissé.
Même s’il est décédé le 1er octobre 2017, Philippe Rahmy n’a pas disparu. Parce qu’on le lit, parce que son écriture, forte et engagée, est vivante, irriguant sensations et réflexions chez celles et ceux qui la lisent, battant au cœur de leurs échanges, il nous tient en éveil. Deux livres paraissent ce printemps. L’un regroupe des récits de voyage – inédits ou mis en ligne sur les sites internet où l’écrivain publiait fréquemment – et des extraits de sa correspondance. L’autre est une biographie écrite en amitié, nourrie de témoignages et de plongées dans les archives. La Couleur des jours publie des bonnes feuilles de ces deux ouvrages, en évidente fidélité au souvenir que cet auteur nous a laissé.
Un carton à chaussures de cartes postales
[46] pages 12-15
Dans lesquelles on rencontre une jeune fille qui s’ennuie, un quidam plein d’espoir, une pèlerine, un amateur d’art roman, une artiste peintre grippée, un auteur de sonnets, une petite rhétorique de la carte postale, et les récits de Frédéric et Alice excursionnant dans la campagne française durant les années trente.
Dans lesquelles on rencontre une jeune fille qui s’ennuie, un quidam plein d’espoir, une pèlerine, un amateur d’art roman, une artiste peintre grippée, un auteur de sonnets, une petite rhétorique de la carte postale, et les récits de Frédéric et Alice excursionnant dans la campagne française durant les années trente.
Sans titres
[46] pages 17-21
Ce «Sans titres» est un vrai titre. Il n’est pas un refus de nommer un travail photographique, laissant à chacun·e tout l’espace d’interprétation possible. Il évoque les hommes et les femmes que leur parcours a privé d’identité administrative mais aussi les actifs financiers. Ces photographies font partie d’une série de 24 qui forment l’enquête photographique menée en 2021 par Gabriela Löffel. La Couleur des jours les publie en partenariat avec le Département de la culture et de la transition numérique de la Ville de Genève, qui organise ces enquêtes depuis 2016. Sur le même thème de la mobilité, le comité d’expert·e·s a sélectionné deux autres photographes, Laurence Rasti et Zoé Aubry.
Après l’averse
[46] pages 22-23
Je ne dis pas qu’ils avaient prévu que des choses tomberaient du ciel.Ce serait affirmer qu’ils auraient su ce qui allait se passer, mais ne nous auraient pas avertis. Ce n’est pas ce que je dis. Ce que je veux simplement déclarer ici, c’est qu’on a l’impression qu’ils n’attendaient que cette catastrophe pour commencer leurs travaux et se précipiter sur nos terres pour s’y activer. (…)
> Après l’averse (art&fiction)
Je ne dis pas qu’ils avaient prévu que des choses tomberaient du ciel.Ce serait affirmer qu’ils auraient su ce qui allait se passer, mais ne nous auraient pas avertis. Ce n’est pas ce que je dis. Ce que je veux simplement déclarer ici, c’est qu’on a l’impression qu’ils n’attendaient que cette catastrophe pour commencer leurs travaux et se précipiter sur nos terres pour s’y activer. (…)
> Après l’averse (art&fiction)
Toutes les couleurs du noir et blanc
[46] pages 24-25
Rodrigo Gómez Rovira voit les lumières venues de loin. Obliques, elles éclairent le présent à l’aune du passé. De Último Sur au Registre des voyageurs, de la Terre de Feu à l’Ariège, le photographe chilien chemine dans des terres spectaculaires et esquisse des histoires de vie aux reliefs insoupçonnés. Présence imposante de visages et de paysages en un geste documentaire élargi à la poésie.
Rodrigo Gómez Rovira voit les lumières venues de loin. Obliques, elles éclairent le présent à l’aune du passé. De Último Sur au Registre des voyageurs, de la Terre de Feu à l’Ariège, le photographe chilien chemine dans des terres spectaculaires et esquisse des histoires de vie aux reliefs insoupçonnés. Présence imposante de visages et de paysages en un geste documentaire élargi à la poésie.
Le déjeuner dans l’herbe
[46] page 26
Le projet de Thierry Boutonnier avec les résident·e·s du chemin d’Usteri à Nyon se prolonge dans un livre. Les récits des ateliers organisés dans le cadre du far° pour produire artistiquement des connaissances sur leurs jardins, en leur surface et épaisseur terrestre, s’étoffent d’images, de recettes et de textes, notamment de Paul Ardenne et Joëlle Zask.
Le projet de Thierry Boutonnier avec les résident·e·s du chemin d’Usteri à Nyon se prolonge dans un livre. Les récits des ateliers organisés dans le cadre du far° pour produire artistiquement des connaissances sur leurs jardins, en leur surface et épaisseur terrestre, s’étoffent d’images, de recettes et de textes, notamment de Paul Ardenne et Joëlle Zask.
Dans les pas de Werner Renfer
[46] page 27
Werner Renfer a toujours voulu dépasser «le train ordinaire de l’existence». Qu’il parte jusqu’aux rivages de la Méditerranée ou qu’il demeure sur la rive de sa rivière natale. Le monde est là, dans son village. Gare de Lyon ou de Corgémont, peu importe. Le train peut passer, et le poète rester sur le quai. Il se tient debout, face à sa vie et dans la «beauté du monde», «avec [s]on chapeau couvant [s]es pensées». (…)
> Dans les pas de Renfer. Cippe à la Suze (Infolio)
> Dans les pas de Renfer. Cippe à la Suze (Infolio)
Faire corps
[46] pages 28-40
À l’heure où bus et métros circulent sans chauffeur, où les robots descendent dans la rue, à l’heure où nos corps embarquent des prothèses sophistiquées, à l’heure des métavers, que devient notre expérience physique du monde? Par quels sens, par quels usages, quels désirs sommes-nous encore humains, ensemble? Autant de questions posées cette année par les Journées photographiques de Bienne. À l’exemple des trois projets que La Couleur de jours a choisi de présenter dans ces pages.
À l’heure où bus et métros circulent sans chauffeur, où les robots descendent dans la rue, à l’heure où nos corps embarquent des prothèses sophistiquées, à l’heure des métavers, que devient notre expérience physique du monde? Par quels sens, par quels usages, quels désirs sommes-nous encore humains, ensemble? Autant de questions posées cette année par les Journées photographiques de Bienne. À l’exemple des trois projets que La Couleur de jours a choisi de présenter dans ces pages.
Prix suisses de littérature
[46] pages 33-41
Les pages de La Couleur des jours bruissent une nouvelle fois de la multiplicité de langues et d’expressions représentées parmi les Prix suisses de littérature, décernés chaque année par l’Office fédéral de la culture. Un roman graphique fait son apparition. Nous en publions quelques pages, ainsi que des trois autres ouvrages inédits en français. Nous présentons également les trois ouvrages romands primés. Et nous vous invitons à lire, en prose comme en vers, l’écriture âpre et belle de Leta Semadeni, Grand Prix suisse de littérature 2023, qui écrit en romanche et en allemand. Signalons encore que le projet Roman d’école, né à Zurich en 2005 et qui a depuis essaimé dans toute la Suisse, et même en France, reçoit le Prix spécial de médiation. Déjà plus de 200 textes écrits par des adolescent·e·s peu à l’aise avec la lecture et l’écriture, accompagnés par un·e auteur·e expérimenté·e, sont à commander sur romandecole.ch
Restaurer, rénover, transformer, et parfois restituer
[46] pages 43-44
Sur la marquise du Plaza, l’artiste Christian Robert-Tissot poursuit sa série Contre-plongée | From Below en annonçant l’entracte. Du côté des architectes, c’est loin d’être la pause. L’autorisation de construire a été délivrée le 7 février. Qu’est devenu le projet du bureau FdMP entre le jour où il a convaincu le jury, le 3 septembre 2021, et le chantier qui s’annonce? Ce moment où les différents corps de métier s’apprêtent à intervenir nous a semblé idéal pour faire le point avec François de Marignac, un des architectes de FdMP, dont nous avons raconté le parcours (La Couleur des jours n°45).
Sur la marquise du Plaza, l’artiste Christian Robert-Tissot poursuit sa série Contre-plongée | From Below en annonçant l’entracte. Du côté des architectes, c’est loin d’être la pause. L’autorisation de construire a été délivrée le 7 février. Qu’est devenu le projet du bureau FdMP entre le jour où il a convaincu le jury, le 3 septembre 2021, et le chantier qui s’annonce? Ce moment où les différents corps de métier s’apprêtent à intervenir nous a semblé idéal pour faire le point avec François de Marignac, un des architectes de FdMP, dont nous avons raconté le parcours (La Couleur des jours n°45).
Entracte
[46] pages 45-47
À l’occasion de la dixième intervention de la série Contre-plongée | From Below proposée par Christian Robert-Tissot sur l’enseigne lumineuse du Plaza, l’auteur relie entre elles ces allusions cinématographiques, profitant de leur polysémie.
À l’occasion de la dixième intervention de la série Contre-plongée | From Below proposée par Christian Robert-Tissot sur l’enseigne lumineuse du Plaza, l’auteur relie entre elles ces allusions cinématographiques, profitant de leur polysémie.
Foudre
[46] pages 48-49
Dans son premier long métrage, Carmen Jaquier met en scène une jeune femme de 17 ans qui défie les normes sociales dans une vallée des Alpes suisses, en été 1900. Elle évoque ici, en mots et en images, quelques-unes des références qui ont nourri son scénario et son écriture cinématographique.
Dans son premier long métrage, Carmen Jaquier met en scène une jeune femme de 17 ans qui défie les normes sociales dans une vallée des Alpes suisses, en été 1900. Elle évoque ici, en mots et en images, quelques-unes des références qui ont nourri son scénario et son écriture cinématographique.
Féminin pluriel
[46] pages 50-51
Cinéma au féminin, regards des femmes, regard masculin, représentation des femmes à l’écran, égalité dans l’usine à rêves. Le débat ne date pas d’hier, bien avant #MeToo, mais il est encore douloureusement nécessaire, pressant même. Si on veut arrêter de voir et penser la création artistique en mode binaire pour aller vers une pluralité de regards et de voix, reparcourir les traces en partie effacées des pionnières est un passage obligé, en Italie comme ailleurs.
Cinéma au féminin, regards des femmes, regard masculin, représentation des femmes à l’écran, égalité dans l’usine à rêves. Le débat ne date pas d’hier, bien avant #MeToo, mais il est encore douloureusement nécessaire, pressant même. Si on veut arrêter de voir et penser la création artistique en mode binaire pour aller vers une pluralité de regards et de voix, reparcourir les traces en partie effacées des pionnières est un passage obligé, en Italie comme ailleurs.
Chronique