[50] printemps 2024
La Russie, sans les visages.
Et sans les noms
Et sans les noms
[50] pages 6-9
Au retour de mon voyage en Russie, je n’ai pas osé regarder les photos que j’avais prises. Cette attitude étrange a duré plus de deux mois. Et je n’ai pas eu envie non plus de les montrer à quiconque. Il n’y a pourtant rien d’horrible sur ces images, au contraire. Les cieux ont été bleus, souvent, durant ces semaines de mai et juin 2023 au cours desquelles je n’ai cessé de monter, seule, à bord de trains, d’avions, d’autobus et de taxis russes.
Au retour de mon voyage en Russie, je n’ai pas osé regarder les photos que j’avais prises. Cette attitude étrange a duré plus de deux mois. Et je n’ai pas eu envie non plus de les montrer à quiconque. Il n’y a pourtant rien d’horrible sur ces images, au contraire. Les cieux ont été bleus, souvent, durant ces semaines de mai et juin 2023 au cours desquelles je n’ai cessé de monter, seule, à bord de trains, d’avions, d’autobus et de taxis russes.
Des jours et des couleurs
[50] pages 10-11
À l’occasion de la parution de son numéro 50, La Couleur des jours, qui doit son titre au poète et journaliste jurassien Werner Renfer (1898-1936), a retrouvé quelques homonymes qui font partie – ou pas – de l’histoire littéraire. Maxime Maillard a bien voulu les parcourir pour nous.
À l’occasion de la parution de son numéro 50, La Couleur des jours, qui doit son titre au poète et journaliste jurassien Werner Renfer (1898-1936), a retrouvé quelques homonymes qui font partie – ou pas – de l’histoire littéraire. Maxime Maillard a bien voulu les parcourir pour nous.
Les fantômes comme les chats choisissent leurs maîtres
[50] page 12
7 juin 2019. Au retour du Jura, je me suis arrêté à Bienne à la librairie française Bostryche qui vient d’ouvrir. J’y ai trouvé un petit livre qui m’enchante: Incognita incognita ou le plaisir de trouver ce qu’on ne cherchait pas de Mark Forsyth (trad. Marie-Noël Rio, Éditions du Sonneur, 2019). Auteur de best-sellers sur la langue anglaise, l’étymologie, l’éloquence, etc., Mark Forsyth y traite d’un phénomène qui m’est familier: la découverte fortuite du livre providentiel. (…)
> Les fantômes comme les chats choisissent leurs maîtres (La Baconnière)
7 juin 2019. Au retour du Jura, je me suis arrêté à Bienne à la librairie française Bostryche qui vient d’ouvrir. J’y ai trouvé un petit livre qui m’enchante: Incognita incognita ou le plaisir de trouver ce qu’on ne cherchait pas de Mark Forsyth (trad. Marie-Noël Rio, Éditions du Sonneur, 2019). Auteur de best-sellers sur la langue anglaise, l’étymologie, l’éloquence, etc., Mark Forsyth y traite d’un phénomène qui m’est familier: la découverte fortuite du livre providentiel. (…)
> Les fantômes comme les chats choisissent leurs maîtres (La Baconnière)
Les dessins de Jérôme
[50] pages 13-17
Les cinquante premiers numéros de La Couleur des jours ont été l’occasion d’une série de compagnonnages au long cours. Jérôme Stettler a été un incontournable. Si, pour une édition ou une autre, il ne pouvait trouver le temps d’une collaboration, c’est qu’il achevait un livre ou préparait une exposition et nous prenions plaisir à leur faire écho. C’est précisément parce qu’il souhaite se consacrer à ses recherches personnelles que cette régularité prend fin. Il va manquer à nos pages et nous ne résisterons sûrement pas à l’appeler de temps à autre parce que sa finesse de trait – dans tous les sens du terme – nous semblera idéale pour dialoguer avec un texte. Et bien sûr, nous continuerons à donner des nouvelles de ses projets. En attendant, les fidèles abonné·e·s trouveront ici de quoi leur évoquer mille et un souvenirs.
Les cinquante premiers numéros de La Couleur des jours ont été l’occasion d’une série de compagnonnages au long cours. Jérôme Stettler a été un incontournable. Si, pour une édition ou une autre, il ne pouvait trouver le temps d’une collaboration, c’est qu’il achevait un livre ou préparait une exposition et nous prenions plaisir à leur faire écho. C’est précisément parce qu’il souhaite se consacrer à ses recherches personnelles que cette régularité prend fin. Il va manquer à nos pages et nous ne résisterons sûrement pas à l’appeler de temps à autre parce que sa finesse de trait – dans tous les sens du terme – nous semblera idéale pour dialoguer avec un texte. Et bien sûr, nous continuerons à donner des nouvelles de ses projets. En attendant, les fidèles abonné·e·s trouveront ici de quoi leur évoquer mille et un souvenirs.
Comment nourrir un dictateur?
[50] page 18
Les séances d’autocritique se tenaient quotidiennement, le matin, dans une pièce près de la cuisine.Même si je pensais avoir tout bien fait, il fallait que j’avoue une faute. On ne pouvait pas être satisfait de soi ; cela aurait suscité des soupçons. Je disais donc que j’avais mis une pincée d’épices en trop. Ou bien que j’avais servi le déjeuner de Hodja avec une demi-minute de retard. Le temps de Hodja était très précieux, et ces demi-minutes constituaient une grave infraction. (…)
> Comment nourrir un dictateur. Saddam Hussein, Idi Amin Dada, Enver Hodja, Fidel Castro et Pol Pot à travers le regard de leurs cuisiniers (Éditions Noir sur Blanc)
Les séances d’autocritique se tenaient quotidiennement, le matin, dans une pièce près de la cuisine.Même si je pensais avoir tout bien fait, il fallait que j’avoue une faute. On ne pouvait pas être satisfait de soi ; cela aurait suscité des soupçons. Je disais donc que j’avais mis une pincée d’épices en trop. Ou bien que j’avais servi le déjeuner de Hodja avec une demi-minute de retard. Le temps de Hodja était très précieux, et ces demi-minutes constituaient une grave infraction. (…)
> Comment nourrir un dictateur. Saddam Hussein, Idi Amin Dada, Enver Hodja, Fidel Castro et Pol Pot à travers le regard de leurs cuisiniers (Éditions Noir sur Blanc)
La revanche des fleurs
(pétales dans la figure)
(pétales dans la figure)
[50] pages 19-21
Tout herbier se souvient de son origine de pharmacopée: là où sont réunies des plantes médicinales, aussi nommées des simples. Je crois que c’est ce mot, simples, qui m’a conduite à poser des fleurs sur les visages d’hommes blancs célèbres, en l’occurrence des écrivains, des penseurs, quelques politiques. Manière d’ironiser sur la galerie de portraits, le pouvoir et la fabrication de la postérité. (…)
Tout herbier se souvient de son origine de pharmacopée: là où sont réunies des plantes médicinales, aussi nommées des simples. Je crois que c’est ce mot, simples, qui m’a conduite à poser des fleurs sur les visages d’hommes blancs célèbres, en l’occurrence des écrivains, des penseurs, quelques politiques. Manière d’ironiser sur la galerie de portraits, le pouvoir et la fabrication de la postérité. (…)
Dévoilements sucessifs
[50] pages 22-23
De combien de fractures est faite une courbe? En neuf séquences, Hoda Afshar raconte des histoires vécues en Iran et en Australie. A Curve is a Broken Line est présenté sous une jaquette parcourue par une impressionnante tresse de cheveux que des mains terminent de nouer. La photographe met en évidence avec une forte conscience esthétique et politique, qu’on retrouve tout au long de l’ouvrage, la beauté de ces gestes.
De combien de fractures est faite une courbe? En neuf séquences, Hoda Afshar raconte des histoires vécues en Iran et en Australie. A Curve is a Broken Line est présenté sous une jaquette parcourue par une impressionnante tresse de cheveux que des mains terminent de nouer. La photographe met en évidence avec une forte conscience esthétique et politique, qu’on retrouve tout au long de l’ouvrage, la beauté de ces gestes.
Le Capitole, un voyage dans le temps du cinéma
[50] pages 25-29
La mythique salle lausannoise, la plus grande de Suisse encore en activité, fête sa réouverture. Construite en 1928, transformée en 1959, elle débute aujourd’hui une troisième existence. Entre restauration, rénovation et évolution, le projet architectural et culturel dit beaucoup de l’histoire du cinéma.
La mythique salle lausannoise, la plus grande de Suisse encore en activité, fête sa réouverture. Construite en 1928, transformée en 1959, elle débute aujourd’hui une troisième existence. Entre restauration, rénovation et évolution, le projet architectural et culturel dit beaucoup de l’histoire du cinéma.
Lieux communs
[50] pages 32-41
Face à la surenchère de sensationnel imposée par la multiplication des écrans et des plateformes numériques, les Journées photographiques de Bienne invitent à retrouver le banal, le familier. À questionner sa capacité de résistance face à cette invasion d’extraordinaire. Le rendez-vous expose des artistes qui nous incitent à observer au plus près le quotidien, l’ordinaire. Et peut-être y trouvera-t-on finalement un extraordinaire d’une autre tenue, susceptible de nous porter plus loin que les éclats du jour. À la manière des trois projets auxquels nous avons choisi de faire écho, fondés, chacun, sur la rencontre, la collaboration, le temps partagé.
Face à la surenchère de sensationnel imposée par la multiplication des écrans et des plateformes numériques, les Journées photographiques de Bienne invitent à retrouver le banal, le familier. À questionner sa capacité de résistance face à cette invasion d’extraordinaire. Le rendez-vous expose des artistes qui nous incitent à observer au plus près le quotidien, l’ordinaire. Et peut-être y trouvera-t-on finalement un extraordinaire d’une autre tenue, susceptible de nous porter plus loin que les éclats du jour. À la manière des trois projets auxquels nous avons choisi de faire écho, fondés, chacun, sur la rencontre, la collaboration, le temps partagé.
Prix suisses de littérature
[50] pages 37-43
Parmi les sept livres désignés cette année par le Jury fédéral des Prix suisses de littérature, trois ont été écrits en français, trois en allemand, ou en dialecte, et un en italien. La Couleur des jours, en partenariat avec l’Office fédéral de la culture, vous invite à découvrir quelques extraits de ces ouvrages qui tous à leur manière traversent quelques frontières et soulignent les échos et les incohérences qui règlent et dérèglent notre monde. Le Grand Prix suisse de littérature va à l’œuvre de Klaus Merz. Diversifiée (essais, poésie, romans, théâtre, livres pour enfants), elle est féconde sans être prolixe, c’est-à-dire que son écriture va à l’essentiel, sans sécheresse toutefois. Une traductrice tout aussi prolifique, Dorothea Trottenberg, qui a traduit en allemand de grands romans classiques de Nicolas Gogol, Ivan Tourgueniev, Anton Tchekhov ou Léon Tolstoï, et traduit depuis près de vingt ans l’œuvre du prix Nobel Ivan Bounine, reçoit le Prix spécial de traduction.
Parmi les sept livres désignés cette année par le Jury fédéral des Prix suisses de littérature, trois ont été écrits en français, trois en allemand, ou en dialecte, et un en italien. La Couleur des jours, en partenariat avec l’Office fédéral de la culture, vous invite à découvrir quelques extraits de ces ouvrages qui tous à leur manière traversent quelques frontières et soulignent les échos et les incohérences qui règlent et dérèglent notre monde. Le Grand Prix suisse de littérature va à l’œuvre de Klaus Merz. Diversifiée (essais, poésie, romans, théâtre, livres pour enfants), elle est féconde sans être prolixe, c’est-à-dire que son écriture va à l’essentiel, sans sécheresse toutefois. Une traductrice tout aussi prolifique, Dorothea Trottenberg, qui a traduit en allemand de grands romans classiques de Nicolas Gogol, Ivan Tourgueniev, Anton Tchekhov ou Léon Tolstoï, et traduit depuis près de vingt ans l’œuvre du prix Nobel Ivan Bounine, reçoit le Prix spécial de traduction.
Les pierres de la jetée
[50] pages 44-47
Dans les rues, aujourd’hui, la personne qui s’aventure nus pieds se fait vite remarquer. On a peu l’occasion de connaître par le toucher la rugosité du bitume ou la douceur du ciment, fût-il bouchardé comme le veut la coutume genevoise en matière de trottoir. Une conférence donnée par David Ripoll durant le Festival Histoire et Cité permettra de se pencher sur les sols de la ville. En attendant, ces pages invitent à découvrir par le détail un endroit, urbain et pourtant hors du monde, où la plante de nos pieds tâte volontiers le sol, la jetée des Pâquis.
Dans les rues, aujourd’hui, la personne qui s’aventure nus pieds se fait vite remarquer. On a peu l’occasion de connaître par le toucher la rugosité du bitume ou la douceur du ciment, fût-il bouchardé comme le veut la coutume genevoise en matière de trottoir. Une conférence donnée par David Ripoll durant le Festival Histoire et Cité permettra de se pencher sur les sols de la ville. En attendant, ces pages invitent à découvrir par le détail un endroit, urbain et pourtant hors du monde, où la plante de nos pieds tâte volontiers le sol, la jetée des Pâquis.
Chronique